RÉGLER UN TEXTE COMME LES PROS #3 Composer en drapeau
On appelle « drapeau » un texte aligné d’un seul côté (gauche ou droite), dont les lignes sont de longueur inégale, c’est-à-dire avec l’un des bords flottant. À l’inverse des textes justifiés (voir chapitre précédent), qui sont alignés à la fois à gauche et à droite, formant ainsi un bloc rectangulaire aux bords droits.
La composition en drapeau est technique et plus exigeante que celle des textes justifiés. Pour obtenir un drapeau réussi sur un logiciel de mise en pages, il faut prendre en compte quatre éléments : la zone de coupe, la division des mots, l’esthétique des fins de ligne et le rythme.
1. La zone de coupe
Elle qualifie l’ajustement de la longueur entre les lignes les plus courtes et les lignes les plus longues. Lorsque cette dernière est courte, le drapeau flotte peu. À l’inverse, le drapeau flotte beaucoup lorsque la zone de coupe est grande. On cherchera à obtenir une zone de coupe moyenne pour un drapeau équilibré.
2. La division des mots (césure*)
La division des mots pose souvent question dans la composition en drapeau. Certaines personnes s’y opposent, d’autres l’autorise uniquement dans le cas de zones de coupe courtes (plus proche visuellement d’un texte justifié). À mon sens, dans une optique d’amélioration de l’esthétisme de la composition, les césures au sein des drapeaux doivent être acceptées en dernier recourt. Elles doivent restées occasionnelles et correctes (selon le code typographique). Dans le cas de césures trop nombreuses dans un texte aligné à gauche (par exemple), il faudrait revoir le choix de l’alignement (passer le texte en justifié) ou les paramètres du texte (corps, largeur de colonne, nombre de caractères par ligne, etc).
Césure : terme usuellement utilisé pour évoquer la division des mots, mais relevant à l’origine de la poésie et désignant un repos de vers après une syllabe accentuée.
3. L’esthétique des fins de ligne
Elle concerne en premier lieu les formes inesthétiques créées par le drapeau en bout de ligne (des pentes, des pointes, des creux, etc.). Afin d’éviter la formation de ces figures, il faut alterner des lignes longues et des lignes courtes. On peut voir ci-dessous différents exemples de formes disgracieuses en fin de ligne :
Sur ce point, il faudra également prêter attention aux mots en fin de lignes et éviter que les lignes se terminent par de petits mots (articles, pronoms) ce qui n’est pas esthétique et ralenti la lecture. Il est possible de placer des espaces insécables entre la préposition et le mot suivant (uniquement dans les textes en drapeau) pour éviter ces petits mots isolés.
4. Le rythme
Le rythme des fins de ligne influence visuellement le drapeau, pour que ce dernier soit agréable il faut que les lignes longues et courtes s’alternent sans trop de régularité.
Un travail de patience
Ainsi, un drapeau correct se compose d’une zone de coupe intermédiaire, avec un minimum de césures, des fins de lignes alternées courtes et longues (sans trop de petits mots) et un rythme de succession des lignes irrégulier. Composer de beaux drapeaux est un travail minutieux et laborieux car les logiciels de mise en pages ne proposent pas d’algorithme permettant cela, il faut donc s’armer de patience pour les régler manuellement.
Source : Guide du typographe, Groupe de Lausanne de l’Association des typographes, 2015.
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