Les 5 étapes pour réussir sa mise en pages de livre #1

Vous êtes auteurice indépendant·e et vous souhaitez vous lancer dans la folle aventure d’auto-éditer votre livre et de réaliser sa mise en pages vous-même : vous êtes au bon endroit ! Graphiste spécialisée dans l’édition depuis plusieurs années, je vous donne tous mes conseils pour mettre en pages votre livre comme un·e professionnel·le.

1. Structurer le texte

La structure de votre texte est une étape essentielle, il faut que celle-ci soit claire pour aider à la compréhension de votre propos et faciliter sa lecture. Elle doit être pensée dès le début de l’écriture du manuscrit et apparaitre clairement sur votre copie (document Word par exemple) grâce à l’attribution de styles différents pour : le texte courant, les titres, les sous-titres, les listes (à puces ou numérotées), les citations (retrait et italique par exemple), les dialogues (renfoncement/alinéa et tiret cadratin), les notes, etc. 

Le paragraphe est l’élément de structuration commun à tous les genres littéraires, il permet d’indiquer un changement de propos. Il est créé par un retour à la ligne et est débuté par un alinéa (renfoncement) qui le différencie visuellement des autres lignes. Afin de marquer davantage la transition entre deux paragraphes, on utilise un saut de ligne. Il faut également penser à créer un saut de page pour chaque nouveau chapitre (ctrl + entrée).

Aujourd’hui, il devient habituel de composer les livres suivant le style américain, c’est-à-dire sans alinéa à la première ligne d’un chapitre ou après un saut de ligne ; considérant que le blanc de la ligne précédente est assez explicite pour marquer visuellement le début d’un nouveau paragraphe ou d’un nouveau chapitre.

Dans les livres de non fiction (essais, livres pratiques, etc.), il est usuel d’utiliser différents niveaux de titres, il faudra faire attention à ce que la hiérarchie de ces derniers soit bien définie ; ce qui aidera notamment ensuite à la création d’une table des matières. Pour concevoir vos styles, la logique est que le titre du niveau supérieur soit toujours plus visible (taille de caractère plus grande ou graisse plus forte) que le titre de niveau inférieur. L’espace au dessus du titre doit toujours être plus grand que celui en dessous du titre.

Vous devez donc penser à :

  • Appliquer des styles (texte courant, titres, citations, etc.)
  • Créer des paragraphes (retour à la ligne et alinéa)
  • Intégrer des sauts de ligne (sans alinéa sur la première ligne)
  • Intégrer des sauts de page pour un nouveau chapitre (sans alinéa sur la première ligne)
  • Hiérarchiser les titres
  • Utiliser un outil d’insertion automatique des notes de bas de page

  • Mettre en forme les dialogues (alinéa et tiret cadratin)

2. Relire et corriger le texte

La correction d’un livre est divisée en deux étapes : la préparation de copie (avant mise en pages) et la relecture sur épreuve (après mise en pages). 

La préparation de copie est l’étape à laquelle vous devez (ou un·e correcteurice doit) faire la grande majorité des corrections : contrôler les erreurs de conjugaison et de grammaire, appliquer les règles typographiques (capitales, italique, guillemets, etc.), vérifier les éléments historiques ou encore unifier les graphies (noms de personnes, abréviations, etc.). Il faudra également intervenir sur le sens, les incohérences, les niveaux de langage et les répétitions. En effet, il faut profiter que le texte ne soit pas encore mis à pages pour faire vos reformulations. Au stade de la copie, on estime le rythme de travail d’un·e professionnel·le à environ 8 000 signes (espaces comprises) corrigés par heure. 

Une fois le texte mis en pages et donc rigoureusement calé dans la maquette, chaque modification (phrase coupée, paragraphe retiré, calibrage de page modifié, etc.) fera bouger le texte et nécessitera que la·e graphiste réadapte ses réglages, ce qui sera extrêmement chronophage si l’étape de préparation de copie a été négligée. La relecture sur épreuve concerne les dernières retouches : les coquilles notamment, mais aussi le contrôle de la mise en pages (mauvaises césures, veuves et orphelines*, problèmes de retraits, etc.). Lorsque le texte a bien été préparé en amont, on estime cette étape plus rapide soit environ 12 000 signes (espaces comprises) corrigés par heure.

Veuve : dernière ligne d’un paragraphe isolée en haut d’une page.
Orpheline : première ligne d’un paragraphe isolée en bas d’une page.

3. Choisir un logiciel

Le choix d’un logiciel de mise en pages peut s’avérer compliqué, notamment si vous êtes débutant·e, car certains logiciels professionnels sont assez chers et difficiles à prendre en main. Il faut distinguer les logiciels de traitement de texte (Microsoft Word, LibreOffice ou Google Docs) des logiciels de PAO (publication assistée par ordinateur) qui sont plus performants et spécialement conçus pour créer des mises en pages d’ouvrage. 

Si vous souhaitez auto-éditer un livre et réaliser sa mise en pages, je vous conseille de vous tourner vers un logiciel de PAO gratuit, tel que Scribus. Ce logiciel s’adresse autant aux professionnel·les qu’aux débutant·es. Il est facile d’utilisation et possèdent de nombreuses fonctionnalités qui le rende plus adapté à la mise en pages qu’un logiciel de traitement de texte. 

Dans votre cas, il n’est pas forcément nécessaire de choisir un logiciel payant comme InDesign d’Adobe ou QuarkXpress. Ces deux outils de niveau professionnel possèdent une multitude de fonctionnalités pour composer des mises en pages précises, mais sont complexes à prendre en main et ne conviennent ainsi pas aux débutant·es (même si je ne pourrai aujourd’hui plus me passer d’InDesign). Pour ces prix : InDesign 60€/mois et QuarXpress 450€ à vie, il est plus intéressant pour vous de faire appel à un·e professionnel·le de la mise en pages.

4. Trouver un format

Le genre littéraire a une influence sur le choix du format, il existe des conventions qui admettent par exemple qu’une bande dessinée sera plus grande qu’un roman. Mais, rien n’est figé et chaque auteur ou autrice est libre de faire les choix de mise en forme qu’iel souhaite pour son ouvrage. Je vous conseille dans un premier temps de vous rendre en librairie ou de fouiller dans votre bibliothèque afin de manipuler des livres du même genre que le votre. Regardez-les, prenez-les en main, feuilletez-les et vous verrez déjà qu’à quelques petits centimètres près des formats vont se démarquer ; vous aurez peut-être une préférence pour un format plus long ou un format plus carré. D’expérience je trouve que les auteurices s’orientent généralement vers de grands formats pour leur livre, interrogez-vous également sur des formats plus petits, plus intimes et parfois plus adaptés à votre propos. Ce n’est pas parce que votre livre est plus petit qu’il ne sera pas vu, si le format est cohérent et assumé, il trouvera sa place parmi les grands.

D’un point de vu plus technique, il se peut que le choix de l’imprimerie influence sur le format de votre livre. En effet, si vous souhaitez passer par des plateformes d’impression ou d’auto-édition en ligne, il est possible que vous ayez à choisir entre uniquement quelques formats, dans ce cas, trouvez des livres aux formats équivalent ou découpez des morceaux de carton et faites votre choix en les manipulant. Si vous faite appel à un imprimeur en direct et que vous souhaitez réduire les coûts, n’hésitez pas à leur téléphoner, bien souvent les imprimeries ont des formats économiques (avec le moins de perte de papier possible) ce qui peut orienter votre choix. Enfin, si vous souhaitez donner une image plus haute gamme, les grands formats sont à privilégier (n’oubliez pas dans ce cas de choisir avec soin votre papier, le type fabrication et les finitions).

À titre d’exemple, un A5 (14,8 x 21 cm) est, à mon sens, grand pour un livre de texte (roman, essai, etc.) et un livre de poche (11 x 18 cm) est dans la fourchette basse. Pour un beau-livre, il n’est pas gênant d’aller au-delà (voir bien au-delà) du format A5. Le format A4, quant à lui, est principalement utilisé pour les bandes dessinées.

5. Faire un gabarit

Le gabarit de mise en pages est un patron permettant de disposer des textes et des images de façon cohérente et régulière tout au long d’un livre dans le but d’être harmonieux et de donner des repères aux lecteurices. Les ouvrages aux mises en pages complexes peuvent être composés de plusieurs gabarits différents, dans notre cas nous allons apprendre à concevoir un gabarit simple pour un livre de texte. Toutes les pages du livre devront être construites à partir de ce gabarit.

Tout d’abord, il est essentiel de penser votre livre comme s’il était ouvert, par double-pages ; en édition on appelle cela la composition en vis-à-vis. Les pages (sauf la première et la dernière du livre) seront donc présentées en face à face sur votre logiciel, la page paire étant toujours à gauche et la page impaire à droite (appelée belle page). L’ensemble de votre composition devra ensuite être créée en miroir. 

Les marges intérieures, nommées « petits fonds », et les marges extérieures, nommées « grands fonds », sont de taille identique tout au long du livre. Il est habituel que les petits fonds soient plus larges que les grands fonds. Il faudra penser à rajouter au moins 5 mm sur les marges intérieures (plus si le livre est épais) qui seront « mangées » par la reliure et donc non-visibles ; les marges extérieures devront elles être suffisantes pour, à minima, mettre ses pouces. 

Les marges du haut, nommées « blanc de tête », et les marges du bas, nommées « blanc de pied », devront être pensées en harmonie avec les marges des côtés précédemment définies. Je vous conseille de paramétrer un blanc de pied plus grand que le blanc de tête. Cela rehausse le texte et crée une sensation visuelle qui valorise davantage le contenu de la page. C’est dans cette zone que vous placerez notamment les folios (numéros de page). N’oubliez jamais que le blanc (marge) est aussi important que le noir (texte) et que des marges trop petites ne donneront pas envie de lire votre livre ; l’aération étant l’un des piliers de la mise en pages.

Une fois les marges définies vous obtenez donc votre bloc (ou zone) de texte. Dans le cas d’une grille de mise en pages complexe, il aurait été possible de rediviser ce bloc de texte en colonnes. L’ensemble de votre texte (titres de chapitre, sous-titres, texte courant, notes, etc.) devra être placé dans cette zone qui déterminera la largeur de votre justification. Si vous avez des images, elles devront également être de la même largeur que cette zone.

Vous allez ensuite devoir placer les folios et éventuellement les titres courant*. Ces éléments doivent être disposés en miroir, toujours au même endroit et traités graphiquement de la même manière (exemple : si vous décidez de régler vos folios en Garamond 9 pt et de les placer à un centimètre du bas et du bord extérieur de la page, tous les folios du livre auront les mêmes réglages). Bien souvent, le corps (la taille des caractères) des folios est plus petite que celle du texte courant. Concernant les titres courant, ils peuvent être placés à côté des folios ou en haut de la page.

Titre courant : Ligne placée généralement en tête de chaque page d’un livre et répétant le titre de l’œuvre, celui du chapitre ou le nom de l’auteurice.

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